Tassement du sol Controlled Traffic Farming, quésaco ?

Le tassement du sol est une problématique qui inquiète le monde agricole. Alors qu'entre 70 et 80 % des surfaces cultivées sont tassées à cause du passage d'engins agricoles, des solutions émergent pour y remédier. Parmi elles, le Controlled Traffic Farming (CTF), comprenez "agriculture à circulation raisonnée". Les constructeurs commencent d'ailleurs à proposer des machines adaptées à la pratique du CTF. Selon un récent sondage Terre-net, près de 90 % des répondants disent ne pas connaître cette technique. Alors le CTF, quésaco ?

La technique

L'agriculture à circulation raisonnée, ou CTF, est une pratique culturale qui consiste à passer toujours au même endroit pour toutes les phases de travail dans les champs avec les engins agricoles. Cela nécessite des adaptations au niveau du matériel agricole, dont les largeurs doivent être des multiples les uns des autres.

L'objectif est de limiter le risque de compactage dû aux passages des machines au plus petit pourcentage de surface. Cette pratique est aussi bien applicable sur les cultures que sur les prairies.

Par exemple pour un CTF à 6 mètres, cela implique d'avoir un semoir de 6 mètres de largeur, un pulvérisateur et un distributeur d'engrais de 36 mètres de largeur, et une automotrice de récolte de 6 ou 12 mètres de large.

En gardant chaque année le même sens de travail, les mêmes outils et les mêmes traces, autrement dit d'avoir des voies de passage fixes, cela réduit la surface compactée par le passage d'engins. Selon la largeur de CTF choisie, la surface compactée par les passages peut descendre jusqu'à 10 % de la surface totale. Proportionnellement, plus la largeur de CTF pratiquée sera étroite, plus le pourcentage de sols compactés sera élevé.

Voici quelques estimations de la surface compactée par le passage d'engins en fonction de la largeur de CTF pratiquée :

Les prérequis

Le CTF nécessite des systèmes de guidage d'une précision de plus ou moins 2,5 cm. 

Tout le matériel utilisé par l'exploitation doit être d'une largeur multiple de la largeur de CTF choisie. Pour les exploitations qui ont peu de surface ou qui souhaitent pratiquer une largeur de CTF supérieure à la largeur de leurs équipements, il est possible de faire appel à une entreprise de travaux agricoles qui répond à leurs besoins.

Le CTF "light", un compromis en conditions humides

Avec de bonnes conditions de travail, des conditions sèches et une bonne portance, les sols sont naturellement moins sujets au compactage.

Cependant, certains travaux comme la pulvérisation et la fumure se font le plus souvent dans des conditions humides et nécessitent plusieurs passages. Les machines de récolte et de transport de récolte sont également des travaux pour lesquels la pression au sol ne peut pas être adaptée à la portance.

Le CTF-light consiste donc à adopter des voies de passage fixes, mais uniquement pour ces travaux critiques pour la pression du sol.

La pratique du CTF a cependant quelques inconvénients : le coût d'investissement pour le matériel dans les largeurs nécessaires représente un investissement lourd. De plus, les ETA qui peuvent intervenir sur certaines opérations de culture sont équipées de machines qui ne correspondent pas forcément au CTF de l'exploitation.

On peut également se poser la question de l'impact renforcé du passage des engins agricoles, bien souvent équipés de roues étroites de surcroît, sur les voies de passages fixes. A court et moyen-terme, c'est un petit sacrifice au profit du reste de la surface cultivée, mais qu'en est-il à long terme ?